Traditions et coutumes du Sundgau

 

Aliments et breuvages

 

Les condiments et les aliments

Le genièvre (Wachholder) s'utilise à la cuisine pour les gibiers ou la choucroute, dont il favorise la digestion. Il sert aussi à fabriquer le tout puissant "Wachholdergeist" (alcoolat de genièvre) qui, en application externe, calme toutes les douleurs, qu'elles soient d'origine rhumatismale, traumatique ou autre. On l'utilise encore comme désinfectant.

Le vinaigre s'emploie comme fébrifuge. Enfant ou adulte, le malade fébrile aura droit aux fameuses "Essigweckel" (compresses imbibées de vinaigre). On l'emploie aussi en cas de piqûres d'insectes (fourmis, abeilles, guêpes ou moustiques).

L'oignon cru a la réputation d'un agent expectorant efficace : on l'utilise dans toutes les maladies pulmonaires. Sa teneur en vitamines est réputée dans la tradition sundgauvienne.

La carotte améliore la vue, donne un teint coloré et guérit les diarrhées des nourrissons. Tous les légumes présentent ainsi des qualités particulières comme le chou dont les feuilles, en application locale, calment les douleurs inflammatoires, ou les betteraves rouges qui sont vermifuges ou encore l'asperge qui peut servir à prévenir les troubles urinaires ou bilaires.

 


Le miel

Jusqu'au milieu du XXe siècle, chaque paysan sundgauvien possédait quelques ruches. Le miel et les autres produits de la ruche ont une place souvent importante dans la pharmacopée populaire.
Qu'il soit de fleurs ou de forêt, liquide ou cristallisé, le miel a sa place sur toutes les tables. Il permet aux enfants une croissance harmonieuse, évite les infections et a des vertus calmantes. On l'utilise aussi pour certaines maladies.
Chacun sait que le miel, mélangé à du lait chaud, calme instantanément les douleurs de l'angine.

 

Le schnaps

Au printemps, les grandes corolles des pommiers et les fragiles pétales des cerisiers et des pruniers font à notre région une parure de fête, promesse de récoltes abondantes. D'autres fruits, comme la mirabelle ou la poire sont moins massivement cultivés.
Malgré les lois restrictives dans le domaine de la distillation, les Sundgauviens sont de grands distillateurs, mais attachent souvent plus d'importance au degré d'alcool obtenu qu'à la finesse du produit : on trouve assez rarement de la framboise, du sureau ou même de la mirabelle.

La distillation comprend plusieurs étapes : la récolte des fruits est la première et ils doivent être de bonne qualité. Bien souvent cependant, l'on met n'importe quoi dans le tonneau et la qualité du schnaps s'en ressent. L'alambic retiré à la mairie, le feu bien entretenu, l'alchimie de la distillation peut commencer.
On obtient d'abord un premier alcool que l'on appelle le "Vorlauf" ou "Littrig" et qu'il faut à nouveau distiller pour obtenir le vrai schnaps. Chacun a ses petits secrets : le bois de hêtre est indispensable à de nombreux distillateurs et tel autre attend que les "Sürkirsche" (cerises amères) collent aux doigts pour les mettre dans le tonneau.


Les usages médicinaux de ces alcools sont nombreux :

- le "Vorlauf" qui contient encore de nombreuses impuretés et qui est pratiquement inconsommable, s'utilise dans toute la région comme désinfectant pour les plaies, mais surtout en application locale sur les entorses, les contusions et autres endroits douloureux. On prépare une compresse avec un linge imbibé de "Vorlauf" : c'est le "Schnapsweckel" ou "Umschlag". Le "Vorlauf" est également actif en frictions, en cas de crampes et de maladie cardiaque.

Bien entendu, les schnaps sont également utilisés en compresses ou en frictions, pour les mêmes indications, mais aussi en cas de lumbago ou de torticolis. Pris le matin, un schnaps réchauffe le corps et permet un meilleur rendement au travail (je vous rappelle que nous sommes toujours dans le chapitre "traditions et coutumes" et qu'il y a très peu de Sundgauviens qui suivent encore cette coutume !).

On peut se servir de tous les schnaps en cas d'angines, sur les caries dentaires et en cas d'insomnie chez l'adulte et chez l'enfant. Le temps n'est pas si lointain où une petite rasade de schnaps ajoutée au biberon procurait à l'enfant et surtout à ses parents une nuit tranquille ! Et combien de nos grands-mères ont frictionné les gencives douloureuses des petits avec leur doigt préalablement trempé dans le schnaps...

Les effets anxiolytiques des alcools sont utilisés lors de tous les événements exceptionnels. Ni le mariage, ni le baptême, ni un enterrement ne sauraient se passer de l'eau de vie, pas plus que les fortes émotions comme le deuil, la naissance ou un accident.

En cas de bronchite, le Sundgauvien confectionne un brûlot : dans une soucoupe, on verse du schnaps auquel on ajoute un ou deux morceaux de sucre et que l'on fait flamber. Le liquide obtenu, bu très chaud, accélère la guérison du malade. Ce remède est encore utilisé de nos jours.

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