Paysans - Alsace - 18e
1746, DOLLFUS-MIEG & Cie
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Le XVIIIe siècle (1700 - 1789)
Le XVIIIe siècle est une période de paix pour le Sundgau, marquée notamment par le développement de l'agriculture avec l'introduction de la pomme de terre vers 1720. Les débuts de l'industrie se manifestent par l'extraction de lignite et du minerai de fer, la recherche de pétrole, l'implantation de papeteries et de forges et, sous l'impulsion de familles d'industriels de Mulhouse, celle de manufactures de textile dans la deuxième moitié du siècle. La population, toujours composée en majorité de paysans, a presque doublé vers 1780 par rapport aux années 1620. Les villes s'agrandissent et Altkirch atteint 4000 habitants. D'importantes communautés juives en provenance d'Allemagne, de Hongrie et de Pologne s'implantent dans le Sundgau.
Durant ce siècle, la vie matérielle s'améliore après les longues années de guerre et d'épreuves du siècle précédent. D'une façon générale, de nombreux paysans parviennent à bâtir des maisons, ces maisons caractéristiques, au poutrage apparent, avec les balcons ou galeries ouvertes, avec les auvents, les poutres cornières souvent sculptées ou munies d'inscriptions. Le mobilier est solide, pratique, bien fait, tables, chaises, armoires, bahuts, alcôves, berceaux, de même que les ustensiles de cuisine et les instruments de travail en témoignent.
De nombreuses coutumes, dont l'origine remonte parfois à une haute antiquité, prennent une grande ampleur, aussi bien pour les fêtes pendant l'année, Nouvel An, les Trois Rois, carnaval, Pâques, Pentecôte, la St Jean, la fête du village (kilbe) et Noël, que pour les fêtes familiales, les baptêmes et les mariages notamment. Le costume, la danse, la chanson populaire deviennent les éléments essentiels d'un folklore pittoresque.
Le paysan sundgauvien vit d'une façon modeste et économique, se nourrissant des produits de son travail, consacrant cependant les jours de fête à des repas opulents où la joie de vivre se donnait libre cours.
Des seigneurs font construire ou embellir des résidences, disparues de nos jours, comme le beau château des comtes de Montjoie à Hirsingue (1742).
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Epitaphe de la comtesse de Montjoie décédée à Hirsingue en 1788 et enterrée à l’église St-Jean Baptiste. |
Peu à peu, la population perd le souvenir de son ancienne appartenance au Saint Empire romain germanique. Par contre, la langue allemande continue à dominer dans le peuple qui se sert de son dialecte, qui prie et chante en allemand. D'autre part, l'influence de la civilisation française se fait sentir progressivement. Il est vrai que les jeunes ne pouvaient apprendre le français que dans quelques rares collèges, puisqu'un enseignement primaire organisé n'existait pas (de nombreuses personnes ne savent ni lire ni écrire).
Cependant, au cours des dernières décennies, la situation économique se dégrade en raison d'une fiscalité de plus en plus lourde et d'une population trop nombreuse. Les esprits s'échauffent et font la critique du pouvoir établi, mais l'atmosphère est moins tendue qu'ailleurs en France. Après l'échec des Assemblées Provinciales en 1787, la région entre de plain-pied dans les préliminaires de la Révolution avec la rédaction des cahiers de doléances.
Le curé Rosé de Steinbrunn-le-Haut, Gobel suffragant et vicaire général du prince évêque de Bâle, le comte de Montjoie-Vaufrey, le baron de Landenberg-Wangenbourg, Pflieger receveur de l'évêché de Bâle, Lané cultivateur et Guittard ancien major d'artillerie, sont élus comme députés pour siéger aux Etats Généraux.
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