1941, Altkirch sous la
botte des nazis
La déportation
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La deuxième guerre mondiale (1939 - 1945)
La paix sera de courte durée et la deuxième guerre mondiale soumettra le Sundgau à une série d'épreuves de plus en plus cruelles. L'évacuation d'une partie de la population civile au bord du Rhin devient nécessaire en 1939 pour permettre à l'armée française de garder la frontière dans les fortins de la ligne Maginot. La défaite de 1940 amène l'annexion de l'Alsace-Lorraine à l'Allemagne et l'expulsion de plusieurs milliers de personnes. La propagande politique échoue et est suivie d'un régime de terreur avec son corollaire d'emprisonnements, de déportations, d'exécutions et la mobilisation forcée des hommes de 17 à 38 ans.
Entre 1942 et 1944 ont lieu de nombreuses arrestations et déportations. On sait que pour le canton d'Altkirch, entre fin février et début mars 1943, ce sont 2260 personnes qui sont arrêtées et déportées. Elles ont une demi-heure pour rassembler quelques effets. Beaucoup seront envoyés dans des camps spéciaux de Schelklingen, Untermachtal, Siessen, Riedlingen, dans le Wurtemberg.
La population de Hirtzbach est déportée massivement en février et mars 1943 (22 familles transférées dans le Wurtemberg et en Saxe) et les jeunes enrôlés dans R.A.D. (Reichsarbeitsdienst) ou la Wehrmacht (17 d'entre eux ne revinrent plus).
Voici un témoignage d'une habitante de Hirtzbach, déportée en mars 1943 (Les Patriotes, Résistants à l'Occupation, Ed. FNDIRP, p. 99) :
"Dans la nuit du 2 au 3 mars 1943, à 3 heures du matin, nous sommes réveillés, mes parents et moi, par des coups de crosse contre la porte. Mon père ouvre et 2 soldats SS nous donnent l'ordre de nous préparer à partir en une demi-heure. Nous pouvons emporter un peu de linge et de la nourriture pour deux jours. Ce fut un coup terrible pour mes parents et en particulier pour ma mère qui était souffrante. Mon père, lui, se faisait du souci pour son bétail et son atelier de forge. Nous n'avons nullement été informés de notre destination. De plus, nous sommes étroitement surveillés pendant nos préparatifs. Les soldats SS veillaient sur tous nos faits et gestes. En sortant de la maison, les portes ont été scellées. Nous sommes dirigés sur la place de l'église, où 66 autres personnes de notre village se trouvaient rassemblées. Une femme courageuse et compatissante nous a ramené un peu de lait pour le petit déjeuner. Après une attente interminable, vers 8 heures du matin, nous avons été emmenés en autobus à la Halle au Blé à Altkirch où 200 à 300 personnes, qui subirent le même sort, attendaient. Après nous avoir pris nos cartes de ravitaillement et une attente d'une journée très pénible, les allemands nous ont fait monter dans des cars, le 3 mars au soir, pour nous diriger vers la gare d'Altkirch. Nous sommes embarqués dans un train sous la surveillance de nombreux SS armés de mitraillettes. On peut évaluer à 600 ou 700, le nombre de personnes de ce transport."
Témoignage de la vie dans un de ces camps spéciaux par un habitant d'Oltingue ((Les Patriotes, Résistants à l'Occupation, Ed. FNDIRP, p. 112) :
"Nous étions 28 personnes dans notre chambre, hommes, femmes, enfants, vieillards, nous étions très à l'étroit, lits superposés et paillasses étaient notre lot. Notre ancien maire français d'Oltingue, qui avait subi le même sort que nous, tomba rapidement malade. Sans soins, n'ayant pu être hospitalisé, il est décédé parmi nous."
Arrive enfin la délivrance ! Témoignage d'une habitante de Hirtzbach (Les Patriotes, Résistants à l'Occupation, Ed. FNDIRP, p. 125) :
"Ce cauchemar a duré jusqu'au 18 avril 1945 où nous avons été délivrés par les troupes américaines et canadiennes. Notre rapatriement s'est effectué dans des conditions assez difficiles. Nous avons mis 12 jours pour rentrer en Alsace. Nous sommes passés par la Ruhr où toutes les voies étaient bombardées. En franchissant la frontière à Sarreguemines, un panneau attira notre attention avec l'inscription suivante : "Ici commence le pays de la liberté". Ce fut le plus beau jour de ma vie et des larmes coulaient le long de mes joues."
Le 19 novembre 1944, Seppois-le-Bas est le premier village du Sundgau à être libéré. Deux jours après, c'est le tour d'Altkirch mais les combats acharnés ne prennent fin dans la "Poche de la Largue" que le 20 décembre.
Le front se stabilise le long de la Doller, de Sausheim à Illzach et de l'Ile Napoléon à Huningue. Pour les habitants des villages situés des deux côtés du front s'ouvre une longue période de cauchemar et d'épuisement.
Enfin, le 20 janvier 1945, le général Béthouard prend l'offensive entre Mulhouse et les Vosges. Ce sont les terribles et meurtriers assauts de Lutterbach, Reiningue, Wittelsheim, Wittenheim, Ensisheim.
Au début du mois de février 1945, la jonction entre l'armée de Mulhouse et celle de Colmar est faite.
Fête de la Libération de Hirtzbach, septembre 1945. (Carte postale trouvée dans les photos souvenirs de la famille)
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