Petites légendes diverses du Sundgau
Le plateau du gibet
Le fantôme rieur de Haag
Le Bildstoecklein de Winkel
Le château Färis (Moernach)
Les pièces d'argent près du Morimont
L'homme au chapeau déchiré (Oberlarg)
Le plateau du gibet
Dans la montagne près de Vieux-Ferrette, se trouve un sommet chauve où s'élevait autrefois un gibet. Une femme faussement accusée de vol, fut condamnée à la potence et pendue ici. Au moment de lui jeter la corde au cou, elle protesta encore une fois de son innocence et clama :
"Aussi loin que la foule s'étale devant mes yeux, aussi loin cet endroit deviendra désert et malheur à celui à la place duquel je meurs innocente ! La vengeance divine le rattrapera avant que le tonnerre ne retentisse trois fois !"
Et voici qu'une effroyable tempête se déchaîna sur la forêt ; elle fit sauter et éclater le gibet et le jeta fracassé à terre ; seul le cadavre de la femme fut épargné. Le tonnerre éclata pour la troisième fois et un homme tomba mort, foudroyé par un éclair.
Depuis ce jour, cet endroit est devenu un endroit austère et inhospitalier. Tout autour les prairies sont vertes et les arbres en fleurs. Mais à l'endroit où se tenait la foule, tout est désertique, d'où le nom de Gibet Chauve.
(Elsässiches Samstagsblatt 1857)
Le fantôme rieur de Haag
Le bois de Haag entre Vieux-Ferrette et Bisel est hanté par un fantôme. On l'entend souvent éclater de rire très bruyamment et sa spécialité est d'égarer pendant des nuits entières le voyageur attardé.
Schaefer, un homme de Vieux-Ferrette, était allé à Bisel pour affaires et rentrait chez lui le soir après l'angélus. Alors qu'il traversait le Haag, une branche l'effleura et fit tomber son chapeau. Il se baissa pour le ramasser mais ne put le trouver. Comme il se baissa à nouveau et cherchait vainement son chapeau, un grand rire "Ha ! Ha ! Ha !" éclata devant lui. Il se retourna et le même rire éclata devant lui. De quelque côté qu'il se tourna, ce rire se produisait. Apeuré, il voulut se sauver, même sans son chapeau. Mais il s'égara et aboutit par deux fois dans l'étang Niederweier, avec de l'eau jusqu'aux genoux.
Le fantôme l'entraîna ainsi pendant toute la nuit et lorsqu'au petit jour l'homme rentra chez lui, il tomba malade et mourut deux semaines plus tard.
Le Bildstoecklein de Winkel
Sur le Bildstoerlein de Winkel, là où l'Ill prend sa source, se trouve un vieux sapin autour duquel un cercle est dessiné et comme piétiné et sur lequel l'herbe ne pousse pas. Un vieux garde champêtre y enterra un jour une petite image bénie et aussitôt l'herbe reverdit, mais un autre cercle apparut autour du premier où l'herbe dépérit comme pour l'autre.
Une nuit, fonctionnaire de Lucelle arriva sur chemin par le petit Kohlberg pour visiter la mine de Winkel. Comme il s'approchait du sapin, il vit des sorcières danser en rond tout autour, et faire des grands bonds. Il jugea pus prudent de rester en arrière jusqu'à la fin de ce rassemblement. Il connaissait plusieurs de ces femmes, mais il ne voulait jamais révéler leurs noms.
(L'arbre des sorcières s'élevait dans le Fitzwald à une demi-heure au sud de Winkel, près de la verrerie. C'était un vieux sapin à trois cimes dont les branches rappelaient les balais des sorcières. Tout autour de lui il y avait un cercle, le "cercle des sorcières". L'arbre fut abattu en 1824.)
Le château Färis (Moernach)
Dans les temps anciens le château Färis s'élevait près de Moernach. Ce château s'est englouti dans les profondeurs de la terre. A cet endroit se trouve depuis un marécage (appelé F¨risloch : le gouffre de Färis) que personne n'ose approcher. A l'une de ses extrémités se trouve une fontaine. Une petite route passe devant. A une heure tardive ont peut voir par là le vieux comte de l'ancien château qui chevauche par-dessus le petit pont jusqu'à Dannemarie.
Les pièces d'argent près du Morimont
Un jour, plusieurs jeunes garçons d'Oberlarg couraient à travers champs, près du château du Morimont. Entre deux champs, là où se déverse le petit ruisseau du château, ils aperçurent quelque chose qui brillait comme de l'argent. Ils se jetèrent dessus et eurent tôt fait de ramasser les pièces. Aussitôt, ils devinrent totalement aveugles et ne savaient plus où aller. Alors celui qui avait déjà mis la monnaie d'argent dans sa poche, prit les pièces dans sa main gauche, enroula dans sa main droite un chapelet bénit et cria d'une voix forte : "A présent, Satan, prends ce que tu veux !" A ces mots, les garçons recouvrirent la vue.
L'homme au chapeau déchiré (Oberlarg)
Il y a quelque temps se trouvait, entre Oberlarg et Luffendorf, un champ non loin de la brasserie. On voit encore à cet endroit un tertre au milieu de la vallée et, près de là, un espace appelé Steinmürle, nom qui désigne les ruines d'anciens bâtiments. Il y a quelques années, on trouva dans une fosse à côté du chemin, des ossements géants et de nombreux ornements de métal.
D'après la légende il n'y a rien de bon à cet endroit. Plus d'une personne s'est vue renversée, cheval et voiture, en cet endroit. Plus d'une a reçu des gifles d'une main invisible au point d'être tuméfiée pendant plusieurs jours.
Un homme en large et grand chapeau, en haillons et en habit noir, se rend de temps à autre de la vallée au haut de la montagne. Il a l'air sombre et n'a qu'un oeil. Il y a quelque temps, un forgeront déjà âgé envoya son jeune fils aux champs avec la vache. Comme il n'avait pas très confiance dans ses forces et dans son jugement, il sortait de temps en temps de sa forge pour surveiller l'enfant par-dessus la clôture. Ce faisant une nouvelle fois, il aperçut l'enfant près de cet emplacement ; l'homme au chapeau et en haillons arrivait au même moment de la vallée, se tint un instant près de lui, puis se hâta de continuer sa route vers le haut de la montagne. De retour à la maison, le père demanda au garçon qui était cet homme. Il répondit : "Il avait un air si terrifiant que j'ai eu peur. Je voulais lui donner de mon pain, mais il se retourna très vite et partit."
©2001 | Hirtzbach, village fleuri - Le Sundgau | Tous droits réservés | |