Historique des villages du Sundgau

 

En cherchant dans des vieux livres poussiéreux, j'ai trouvé quelques merveilles que je désire partager avec vous.
Cette recherche répond aux questions éternelles que l'homme se pose telles que : comment vivaient nos ancêtres ? Pourquoi appelle-t-on ce lieu ainsi ? ... Les villages sont classés alphabétiquement.

Le saviez-vous ?

La date entre parenthèses précise l'année d'apparition de cette appellation.
Les textes "entre guillemets" sont des citations tirées d'un ouvrage qui date de 1865.

 

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Illfurth : Ilfurt (837)

Ecrit en 1865 : "Situé au confluent de l’Ill et de la Largue. Les riches carrières de Luemschwiller et d’Illfurth fournissent la place de moellons et de pierres de taille et les forêts du haut Sundgau, de bois de chauffage. La commune est le siège d’une perception des contributions directes ; elle a 2 moulins et 3 huileries.
Illfurth est la première station du chemin de fer qui relie Mulhouse à Paris et à laquelle on arrive 20 minutes après avoir quitté Mulhouse. On traverse le village et, arrivé à la hauteur de la maison d’école, on suit, à main gauche, un sentier qui conduit d’abord à travers les vignes, puis s’enfonce dans un bois, au sortir duquel on se trouve sur un des points les plus élevés de cette chaîne de coteaux qui, vers le levant, ferment la vallée antérieure de l’Ill. C’est le mont Saint-Prix, signalé, sous ce nom, sur la carte de Cassini, et nommé par les habitants du Sundgau Sant Britzgy ou Britzgyberg. A quelques pas au-dessous du plateau, et encore dans la forêt, on remarque les fragments d’une croix en pierre qui s’élevait autrefois près des ruines d’une petite chapelle, dédiée à Saint-Prix ; elle a été remplacée, depuis peu, par un poteau en bois, surmonté d’une vitrine qui renferme une image de la saint Vierge. Saint-Prix est l’abréviation altérée du nom de Saint-Préjecte (S. Praejectus), évêque de Clermont, qui vécut au 7e siècle et souffrit le martyre avec le jeune acolyte Elidus et avec Saint-Amarin, le 27 janvier 674. Il existe également, près d’Oltingen (canton de Ferrette), une chapelle dédiée à saint Préjecte ou Britzgy ; elle est confiée à la garde d’un ermite et a donné son nom à la magnifique forêt de Britzgywald.
Il se rattache au Britzgyberg plusieurs légendes populaires qui remontent à une haute antiquité ; mais ce qui le rend important pour l’archéologue, ce sont les traces non équivoques et nettement accusées d’un camp retranché romain. La partie du Britgyberg à laquelle on arrive, après avoir quitté le sentier de la forêt, présente un plateau de forme rectangulaire, bordé au sud et à l’ouest par la forêt ; au nord par les restes d’une élévation continue ou rempart, formé de terre rapportée, et d’une hauteur moyenne de 1 mètre à 1m,50 ; le côté de l’est est ouvert et touche à des champs cultivés. Le rempart, dont il n’existe plus que quelques restes au nord du plateau, entourait également, il y a une vingtaine d’années, les trois autres côtés du rectangle et dominait un fossé qui disparaît de plus en plus, soit que le vent ou la pluie y transportent la terre végétale, soit que le soc de la charrue en rase les bords. A l’exception des ruines de la chapelle de Saint-Prix, il n’existe aucune trace de pierres taillées, ni dans l’intérieur de l’enceinte ni sur les côtés. Il n’y avait donc pas, sur cette partie du Britzgyberg, un fort ou castellum, mais un simple camp retranché, assez vaste pour servir de relais ou de refuge en temps de guerre ou bien de point d’observation. Du sommet le plus élevé de la montagne, un peu plus vers le sud, à l’endroit où les ingénieurs de l’état-major avaient dressé le signal d’Illfurth, correspondant, d’un côté, avec celui d’Altkirch et, de l’autre, avec la pyramide placée sur la route impériale, entre Sausheim et la forêt de la Hart, - de ce point culminant, le regard domine le cours de l’Ill et de la Largue, les collines environnantes, vers l’ouest, et une grande partie de la route ; à l’est il embrasse les nombreuses ondulations qui se projettent du Jura supérieur vers la plaine, et sur le versant méridional de cette chaîne de montagnes on découvre, dans le lointain, la ville et château de Ferrette. Dans un canton du Britzgyberg, appelé Burgfeld, plus rapproché du Küppelé que du camp retranché qui nous occupe, on a déterré, il y a quelques années, une urne romaine et plusieurs pièces de monnaies romaines qui furent vendues à vil prix à un brocanteur ; de plus, en remuant la terre d’une vigne, située à mi-côte du Britzgyberg, le propriétaire a trouvé deux bracelets en bronze, d’un travail élégant qui depuis sont heureusement tombés entre les mains d’un zélé collectionneur.
Nous dirigeons maintenant nos pas vers le nord, en laissant à notre gauche la petite forêt communale d’Illfurth, difficile à traverser à cause des nombreuses broussailles qui s’opposent à notre passage. Dix à douze minutes suffisent pour nous placer en face d’un monticule auquel la forme arrondie de son sommet a fait donner le nom de Küppeléberg ou simplement Küppelé, qui répond à celui de Koepflé ou Koepfel, connu dans d’autres contrées de l’Alsace. Il est plus rapproché de Zillisheim que d’Illfurth et situé vis-à-vis du village de Froeningen qui s’élève sur une colline de l’autre côté de l’Ill. Nous dirons, en passant, qu’un tronçon de route romaine se détache à Schweighausen de la route des Leuciens, travers Froeningen et vient joindre à Illfurth la voie de Larga ; et nous rajouterons que la tradition populaire rapporte qu’une galerie souterraine, passant au-dessous du lit de l’Ill, reliait entre eux le château de Froeningen à celui du Küppelé dans nous allons parler.
Pendant de longues années, et jusqu’au mois de janvier 1857, le sommet du monticule ne présentait qu’un amas de décombres recouverts d’une couche végétale où poussaient quelques arbres rabougris et de nombreuses broussailles qui en rendaient l’accès difficile. Mais, de génération en génération, le peuple avait conservé le souvenir de l’existence d’un château qui s’était jadis élevé en ces lieux, et les données historiques lui faisant défaut, il y suppléa par quelques légendes pleines de grâce et de poésie.
« D’après la tradition, dit un rapport de M. Briscard, ce château aurait été détruit lors d’une invasion : tous les habitants y auraient été massacrés à l’exception de trois demoiselles qu’au dire des anciens du pays, l’on voit encore circuler de nuit, habillées en blanc, notamment lorsqu’elles se rendent des ruines du château à la rivière de l’Ill pour y puiser de l’eau et qui, lorsqu’elles ont besoin de sortir le jour, ont soin de métamorphoser en renards. De plus, et toujours selon la tradition, il devrait se trouver dans des caves, que l’on suppose exister, une grande quantité de vin que l’on n’a pu enlever lors du pillage et de la destruction du château. »
« Les vagues souvenirs historiques, quelques autres renseignements plus précis, ainsi que les légendes populaires qui sont venues se groupe autour du Küppelé, enfin la singulière conformation du monticule lui-même : toutes ces circonstances réunies ont attiré l’attention de M. Briscard sur ce point intéressant de la vallée antérieure de l’Ill. Aidé du concours des frères Hirth, de Richwiller, entrepreneurs des travaux de terrassement pour la construction du chemin de fer de Mulhouse à Paris, qui mirent à sa disposition les outils nécessaires, M. Briscard sut intéresser aux fouilles projetées du Küppelé un certain nombre d’habitants d’Illfurth. Grâce à leurs prestations volontaires et au travail de plusieurs ouvriers intelligents qu’il rémunéra à ses frais, M. Briscart parvint à établir d’une manière incontestable l’existence d’un petit fort ou château qui couronnait le monticule du Küppelé et qui était entouré d’un fossé assez profond. Dès le troisième jour des travaux de déblai, M. Briscard eut la satisfaction de découvrir le mur intérieur d’une chambre rectangulaire, longue de 12 mètres, sur 5m,50 de large, et d’une hauteur moyenne de 3 mètres. Cette chambre fait face au sud-ouest ; on y remarque encore deux petites ouvertures ayant la forme de meurtrières et prenant jour, l’une au nord et l’autre à l’ouest. Les meurs, construits en calcaire jurassique extrait des carrières d’Illfurth, présentent, à différentes hauteurs, et sur les quatre côtés, trente et un trous de 6 centimètres de diamètre à l’ouverture et se rétrécissant en forme d’entonnoir ; ils s’enfoncent dans le mur, parallèlement au sol, à 1 mètre ou 1m,50. Lors du déblai de cette pièce qui, selon M. Briscard, a, sans aucun doute, été surmontée d’un ou de plusieurs étages, on trouva, recouverts d’une terre noire et grasse, un grand nombre d’ossements de gibier, entre autres une hure de sanglier avec ses défenses et une corne de cerf. Quelques restes de charbons et la couleur noire de la terre qui recouvrait ces objets témoignent suffisamment de l’action du feu et porte à supposer qu’après la destruction du château cette partie des ruines servit de rendez-vous aux chasseurs des environs qui y faisaient leurs repas champêtres. »
« A cette chambre, dit M. Briscard dans son rapport, se trouve adossé, du côté de l’est, un couloir d’une largeur de 2 mètres, encore rempli de décombres, lequel probablement donnait accès dans des pièces basses. En faisant fouiller au pied du château, du côté de ce couloir et dans un large fossé d’une profondeur d’environ 12 mères, j’ai trouvé un mur en grosse maçonnerie qui semble s’être affaissé avec le temps et dont une partie a, dit-on, été détruite il y a environ quarante-cinq à cinquante ans, lorsque l’on y a extrait de grosses pierres pour l’établissement du canal du Rhône-au-Rhin qui passe près de la montagne sur laquelle est situé ce vieux château, dont l’origine, que j’avais pensé pouvoir faire remonter au 12e siècle, semble devoir être plus reculée encore, suivant l’avis de personnes beaucoup plus compétentes que moi en pareille matière et qui, pour asseoir leur opinion, se fondent principalement sur les objets antiques qui y ont été trouvés. »
Quant à ces objets, ce sont, outre les ossements de gibier que nous avons déjà signalés, trois éperons en acier, deux fragments de fer à cheval, une grande boucle en fer, une clef, six fragments de ferrements de porte, quatre fragments de boucles et anneaux en cuivre, une grande lame de couteau, enfin un fer de flèche.
« Une chose remarquable, c’est que le chemin qui conduisait au château existe encore aujourd’hui à l’état de chemin de défruitement, et qu’il vient aboutir à une plate-forme assez vaste qui se trouve située à l’est où certainement on avait dû établir des dépendances. Ce qui me porte à cette supposition, c’est que la plate-forme n’est séparée du château que par un large fossé ; que le sol se compose en grande partie de pierres et de chaux provenant de démolitions et que sur cet emplacement, qui est classé comme sol forestier depuis longtemps, aucun des repiquements qui y ont été opérés à diverses époques n’a pu y prospérer, malgré les soins de l’administration. »

Ces renseignements sont d’une grande importance, car ils nous conduisent à chercher sur cette plate-forme même l’emplacement de l’ancien fort ou château d’Illfurth que Schoepflin signale de la manière suivante : « Sur une colline voisine on perçoit à travers les broussailles et le bois taillis les ruines d’un très vieux château que les habitants voisins appellent simplement das alte Schloss. » L’historien Tschudi, lorsqu’il parle de l’expédition des Bâlois en 1355, le désigne sur le nom de Vesti Ylfurt.
Ce qui me confirme dans mon opinion, c’est qu’un peu plus haut, vers le nod-est, entre la plate-forme dont il vient d’être question et le Küppelé, il existe un enfoncement nommé Burglache, qui se présente comme un îlot au milieu des champs cultivés et n’est couvert que de roseaux et d’autres plantes palustres. La tradition locale y place un ancien étang. Les eaux de cet étang pouvaient servir à alimenter et le fossé situé au-dessous de la plate-forme sur laquelle s’élevait le château d’Illfurth, et le fossé qui entoure le Küppelé, point que l’on pourrait considérer comme ayant été, par rapport au château, une espèce d’ouvrage avancé (Aug. Stoeber).
Sur le cimetière d’Illfurth se trouve une ancienne église appelée Burnkirch, reste d’un village détruit de ce nom (1333, Tr. III, 757). 1053 habitants." (1960 habitants en 2009)

 

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